Grotte du Cimetière – Hasard

Cavités majeurs de Méjannes-le-Clap Tome I 1982

Commune : Tharaux
X =  757,3
Y = 217,3
Z = 150

Développement : 2,5 km

Profondeur : + 10 m ; – 25 m

SITUATION :
La grotte du Cimetière – Hasard s’ouvre dans la commune de Tharaux. Du pont traversant la Cèze (RN 79), emprunter le CD 321 en direction de Tharaux jusqu’à une grande montée. Prendre à droite un chemin conduisant au cimetière. La grotte située à proximité est bien visible grâce à ses deux porches (pointée IGN).
Les entrées de la cavité étant fermées par le C.N.R.S., il est nécessaire de s’en procurer la clef à la Direction des Antiquités Préhistoriques à Montpellier.

HISTORIQUE :
La cavité a été explorée de longue date ; des vestiges préhistoriques (du Néolithique au Bronze Final) ont été découverts à plus de 300 mètres de l’entrée. Au Moyen-Age, la première salle servait de léproserie.
Les explorations spéléologiques les plus anciennes dont on trouve trace datent du siècle dernier ; de Malbos puis Mazauric en réalisèrent une première topographie, un guide faisait même visiter une partie de la grotte au début du siècle. D’autres explorations furent réalisées depuis cette date d’où les dégradations des concrétions.
C’est en 1950 que les membres du S.C.A. (Spéléo Club Alésien) découvrirent une suite importante qu’ils
appelèrent la Grotte du Hasard. La Société Cévenole de Spéléologie et de Préhistoire poursuivit ces explorations et porta le développement de 1 000 m (Mazauric) à plus de 2 200 m.

DESCRIPTION :
L’allure générale de la grotte, vue en plan, est celle d’un véritable labyrinthe et c’est là que réside la principale difficulté de la description. Les passages se court-circuitent et la recherche des cheminements principaux s’en trouve malaisée.
L’orientation générale des diaclases étant nord-ouest—sud-est, nous suivrons ces deux axes principaux dans la description .
Grotte du Cimetière
Au porche d’entrée ( 5 x 7 rn ) fait suite une première salle (la Léproserie). A droite on franchit la porte puis, après avoir suivi sur une vingtaine de mètres un couloir bas, la progression se réalise dans une succession de trois grandes salles : Salle du Palmier, Salle des Grandes Cascades et Grande Salle. De celle-ci (nombreuses traces d’éboulements) partent plusieurs branches qui se connectent entre elles par des petits labyrinthes :
• La branche principale est au sud-est. Elle débute par un petit laminoir (au milieu de celui-ci un éboulis
descendant rejoint le grand puits). A la sortie du laminoir s’ouvre une grande salle ( 25 x 15 x 10 m) creusée dans son centre par un P 15; un gros pilier stalagmitique appelé par Mazauric « la Tour de Babel » le domine (derrière cette tour, on peut rejoindre par une trentaine de mètres de passages étroits la Salle du Palmier). Au sud-est, la galerie se poursuit dans un couloir de grandes dimensions ( 10 x 8 m ) . On laisse à droite un P 15 en entonnoir, puis l’on passe Sur un beau plancher stalagmitique pour déboucher dans la Salle du Cavalier ( 25 x 15 x 12 m ) . Des éboulis de gros blocs descendent dans le couloir boueux hérissé de petites stalagmites — Le Cimetière — (en paroi gauche un P 7 et l’escalade d’une coulée sur IO m puis une longue diaclase nord-sud et quelques étroitures rejoignent la salle du Grand Puits). Du Cimetière, on atteint rapidement le fond de la cavité devant un éboulis de gros blocs remontant à la cote + 10 rn (fracture ouest-est)
De la base de l’éboulis un petit couloir bien concrétionné rejoint la Salle du Cavalier.
• Une deuxième branche s’ouvre au sud-ouest de la Grande Salle (grands gours). Un couloir d’une vingtaine de mètres bute dans une salle boueuse. Il faut remonter de 3 m puis descendre de 9 m en désesca
lade (R 9) pour prendre pied dans la Salle du Grand Puits (P 25 ; réseau noyé probablement au fond ; au-
dessus du P 25 des petites étroitures boueuses remontent directement dans la Grande Salle). De la Salle du
Grand puits, par une série de couloirs labyrinthiques, on rejoint l’extrémité de cette branche ouest dans la
Salle du Cristal ; la cote — 10 m est atteinte dans des petits passages glaiseux.

Topographie grottes du cimetière hasard scsp 1973 - Association spéléo Tharaux Gard
Topographie grottes du cimetière hasard scsp 1973

Labyrinthe Grotte du Hasard :
Du porche aval, après avoir franchi la petite porte, il faut parcourir tout le labyrinthe pour rejoindre la grotte du Hasard. Le parcours général s’axe autour de trois diaclases labyrinthiques de direction ouest-est se connectant par des méandres étroits de direction nord- sud. A 30 m de l’entrée dans une salle très ébouleuse, on peut rejoindre au sud la grotte du Cimetière dans la Salle du Palmier. Nous passerons sur la description quasiment impossible de ce labyrinthe pour ne retenir que la grande diaclase de la « Langue Blanche. » qui permet d’accéder dans la grotte du Hasard. De la sortie du labyrinthe, s’ouvrent deux branches :
– au sud, on se retrouve dans une grande salle (20 x 10 x 8 m ) pour contourner une grande tour. On
descend dans un long couloir accidenté (salle en paroi droite) qui se termine après 150 m dans une vaste salle encombrée d’éboulis (salle du Chaos, cote – 10) .
– au nord-ouest, la cavité se poursuit dans une grande salle coupée par un éboulis rejoignant la surface
(porte du C.N.R.S. à la cote + 7 m). C’est la salle des vases (plus d’une vingtaine de vases entiers, du
Bronze, furent découverts en 1950 par les frères Hébrard) . En contournant les piliers, un petit couloir en
direction ouest rejoint la surface (porte rebouchée) . A l’est de cette salle, il faut remonter sur un plancher stalagmitique (traces de blé cuit de l’âge du Bronze) puis redescendre entre des blocs par un P 7 et accéder au réseau des Choux-Fleurs, longue diaclase N.O.•S.E. coupée par un P 10 qui se termine au point le plus bas de la  cavité 20 m).

MORPHOLOGIE :
La grotte du Cimetière-Hasard s’ouvre dans les fortes assises calcaires du Barrémien supérieur à faciès
urgonien.
Cette zone est affectée de tectonisme important (broyage des roches en proximité du fossé d’Alès, failles de décrochement O.-E. en bordure de la gouttière synclinale de la Cèze.
Le schéma directeur des diaclases a la forme d’une fourchette à quatre dents. Ces grandes diaclases N.E.-
S.O. correspondent aux axes principaux de creusement que l’on retrouve sur le plateau de Méjannes. La
jonction de ces diaclases avec des diaclases N.-S. correspondant aux failles de décrochement permet d’expliquer le creusement des diverses grandes salles (un petit phénomène témoigne bien de ces fractures: l’aven montant obturant la branche S.-E. de la grotte du cimetière). Il semble que le creusement de la cavité se soit réalisé dans un réseau noyé avec un raccordement plus récent en profondeur, puis abaissement du niveau de base. Le concrétionnement et la corrosion empâtent actuellement les galeries de cette grotte.

FICHE D’ÉQUIPEMENT :
– corde de 20 mètres, notamment pour le P 7 du
Cimetière (rappel de corde).
– Hasard, réseau des Choux-fleurs
Puit P 7 cordes 10 m échelles 10 m amarrages naturels
Puit R 10 cordes 10 m échelles 10 m amarrages naturels

BIBLIOGRAPHIE :
F. Mazauric, 1899, « Explorations souterraines dans le Gard, l’Ardèche et l’Hérault », Mémoires de
la Société de spéléo t. 3 no 18.
F. Mazauric, 1904, « Explorations hydrologiques dans les régions de la Cèze et du Bouquet (Gard) »,
Spelunca bulletin et mémoires de la Société de Spéléologie de France t. 5 no 36.
Société Cévenole de Spéléologie et de Préhistoire, « La Grotte du Cimetière-hasard » p. 7-13, Bulletin
du Comité Départemental de Spéléologie du Gard n°19- 1976.