Grotte du barrage

Commune de Saint-Anastasie GARD

Nous étions sept ce premier dimanche de février 2019, cela faisait longtemps que nous n’avions pas été si nombreux pour une sortie club ! Pourvu que ça dure…

Les participants : Manuella, Magalie, Patrice, Erwan, Clément, Michel, Jean-Pierre.

Cette sortie avait été programmée, mais pas la cavité. Après quelques hésitations, la Grotte des Claris, la Grotte des deux Fours, notre choix s’est finalement porté sur cette grande classique de la région, que beaucoup ne connaissait pas.

Rendez-vous à 9 h au local, nous récupérons Michel à Méjannes-les-Ales, puis nous passons par Uzès pour arriver peu avant le Pont St Nicolas. Nous laissons le parking, complètement noyé et nous allons nous garer un peu plus loin, ce qui nous raccourcit la marche d’approche et nous rassure un peu sur la sécurité des voitures, le parking étant souvent visité…

La météo est froide mais il ne pleut plus, le vent restant modéré, nous ne le sentirons qu’une fois arrivé sur la crête.

Nous nous préparons, tout en dégustant une délicieuse couronne aux amandes grillées (publicité gratuite pour la boulangerie « Au vieux pétrin » de St Christol-lez-Ales), et nous rejoignons le GR qui parcourt la crête nord des gorges du Gardon. Le paysage est toujours aussi beau, une vue splendide sur le Pont St Nicolas, sur le Gardon qui est haut et limoneux suite aux fortes pluies d’hier, sur les montagnes enneigées du Lozère et de l’Aigoual, et, plus proche, le Mont Bouquet.

La végétation a beaucoup poussé ces dernières années, nous avons quelques hésitations sur le point où l’on quitte le GR. Mais la sagacité de Michel, qui connaît le coin comme sa poche, retrouve le point précis, juste au dessus des ruines de l’ancien barrage tout en bas, d’où vient le nom de la cavité.

Ne reste plus qu’à descendre pratiquement jusqu’au niveau du Gardon… !

La descente au travers des falaises est aérienne, sportive, et mobilise toute l’attention entre bartasses et lapiaz. Le moindre faux pas peut être lourd de conséquences. A mi-descente environ, une petite vire que l’on peut équiper si l’on vient avec des néophytes ou des enfants, et la descente continue en se terminant par un petit mur en désescalade pour arriver au dessus de l’entrée artificielle. Le cheminement n’est pas évident ni balisé, il est conseillé d’y aller avec quelqu’un le connaissant.

Pendant l’été, le Gardon est en général à sec à cet endroit et on peut remonter directement dans le lit de la rivière jusqu’aux ruines du barrage. L’entrée naturelle se situe en rive gauche, par un porche bas derrière des buissons. Le lac siphonnant se désamorce l’été, mais impose un bain quasi complet sur plusieurs dizaines de mètres. On accède alors à l’entrée artificielle par un petit sentier montant qui mène à une petite entrée, libre d’accès, à 23 m au dessus de l’entrée naturelle.

L’entrée est protégée par un plaque métallique, diaclase étroite de 60 cm sur 1 m environ.

Un souffle chaud et humide surgit de l’entrée, que nous apprécions après les 5°C environnants…

Après descente dans la diaclase étroite et glissante et reptation dans le boyau d’entrée, nous gagnons les grandes galeries et suivons le parcours classique de la traversée en boucle.

D’abord une rapide visite au siphon d’entrée, dont le niveau est effectivement assez haut. Puis nous parcourons le Niveau intermédiaire, bifurquons deux fois à gauche pour monter et gagner la Salle des Deux yeux après passage d’une étroiture. Pause repas, puis visite de la Galerie des Racines, avec de belles concrétions au départ et de belles griffades d’ours.

Après être passé devant le petit soupirail par lequel nous sommes arrivés, nous attaquons la remontée glissante de la Galerie des Ratapanades ou des Bauges. Magnifique galerie haute en méandre, parsemée de nombreuses bauges à ours et de griffades. Michel nous décrit la formation de cette galerie, avec son chenal de voûte et ses banquettes-limites de remplissage. Au sommet de cette galerie on trouve des coupoles de détente dans la voûte, un magnifique exemple de brèche, sans compter de très beaux lapiaz de voûte.

Le Barrage, c’est le paradis des géologues, c’est pas Michel qui me contredira… !

Pour trouver la signification de tous ces mots barbares pour qui n’est pas géologue, je vous renvois sur Michel qui sera ravi de tout vous expliquer, si vous avez un week-end complet à lui consacrer…, ou alors internet, c’est plus facile, mais moins vivant !

Je me moque gentiment, mais Michel, tu es notre wikipedia à nous !!

Après cet intermède éducatif pour les pauvres ignares que nous sommes, nous redescendons des hauteurs par plusieurs toboggans et désescalades faciles. Une remontée de 3m en opposition devant un mur, qui déclenche brusquement une discussion sur les films X, allez savoir pourquoi… (on garde le secret des débats !), comme quoi, si le printemps n’est pas encore là, l’esprit spéléo n’est pas mort !

Une petite virée dans le Réseau des Excentriques, au bas duquel nous croisons deux collègues de l’ASN avec qui nous bavardons un moment. Ils font la même boucle que nous, mais dans l’autre sens.

Puis c’est l’arrivée dans la grande galerie sablonneuse et sombre, ou s’ouvre le Réseau de la BA-726, et nous empruntons la galerie qui monte au Puits des Queues de Moutons, en escaladant une magnifique coulée de calcite et de micro gours. Nous n’avions pas pris le matériel de progression sur cordes, n’étant pas sûrs de la qualité de l’équipement en fixe. La corde s’avère être en parfait état, nous reviendrons une autre fois pour remonter ce très beau puits concrétionné.

Retour dans la galerie sablonneuse, passage du Lac du Grand Pas, large d’un bon mètre, où l’on se mouille plus ou moins selon les techniques adoptées, mais ça ne dépasse pas le genou sauf glissade incontrôlée ! La galerie du shunt est complètement noyée, nous revenons par la galerie haute et ses superbes banquettes et nous retrouvons le carrefour du départ, la boucle est bouclée.

Passage des dernières galeries, du boyau d’entrée et remontée de la diaclase finale. La sortie est glaciale, il fait toujours aussi froid, mais le vent a nettement forci, dans les 70 km/h. Le retour sera frigorifique sur la crête, le déshabillage mené promptement afin d’enfiler de bonnes polaires et coupe-vent qui sont les bienvenus. Retour au local à 18h30.

Très sympathique sortie, mais nous reviendrons…

TPST 5 heures (Temps Passé Sous Terre pour les non habitués). Une vidéo a été tournée durant la visite.